Samedi 24 mai 1997 | Cahier spécial | Page 2 |
Avez-vous récemment eu l'occasion de parler fureteur avec des amis ou collègues qui sont eux aussi branchés sur Internet ? Alors, vous utilisez Microsoft ou Netscape ? Avez-vous la toute dernière génération du fureteur, le modèle 4.0 ? Ah ! bon, vous n'avez pas encore installé le 4.0 ? À en croire certains, on est « branché » seulement si on a la dernière version de fureteur installée sur notre ordinateur. Et ce n'est certainement pas les deux grands fabricants de logiciel de navigation qui vont nous aider à nous convaincre du contraire, eux qui cherchent à conquérir le marché du fureteur, à coup de nouvelles normes aux six mois. Cette année, le bal a commencé avec l'arrivée du nouveau Netscape juste avant Noël.
Au moment de la sortie de l'édition test 4.0, j'avais dit du bien du fureteur et j'en pense tout autant aujourd'hui. Netscape a bien fait ses devoirs et a su répondre aux exigences de ses utilisateurs. En corrigeant quelques détails et en ajoutant certaines options, le Communicator de Netscape, communément appelez le Netscape 4.0, conservait la première position avec sa nouvelle version. Un seul problème avec cette dernière version du logiciel : trop de gadgets pour l'usage qu'en fait l'internaute moyen. La plupart des gens n'utilisent que deux choses : le fureteur principal qui permet de visualiser les pages du Web et le logiciel de gestion de courrier électronique. Après tout, les internautes qui veulent faire du travail en groupe ou encore tenir un agenda électronique n'ont pas vraiment attendu la sortie de Netscape 4.0 pour s'équiper. Il existe de très bons logiciels pour faire ces tâches et on n'a pas vraiment besoin d'un fureteur pour cela. Alors pourquoi faire un logiciel aussi complexe ? Tout simplement pour développer un nouveau marché, celui des intranets, des petits réseaux privés de compagnies semblables à l'Internet. En fabriquant un logiciel aussi complet, Netscape offre une série de neuf logiciels en un. Pour une entreprise qui utilise le Communicator de Netscape, c'est peut-être le bonheur. Voilà enfin pour ses employés un outil qui intègre plusieurs volets du travail à distance. Mais pour l'individu qui utilise le même logiciel à la maison, ça représente une perte considérable d'espace sur son disque dur, une perte d'espace sans motif valable. Internet Explorer de Microsoft Et puis voilà qu'arrive l'édition 4.0 de l'Internet Explorer de Microsoft. Cette dernière version du logiciel que l'on peut trouver un peu partout sur le Web et télécharger sur son ordinateur sans trop de problèmes n'est pas encore « officiellement » disponible pour le grand public. Elle le sera dans quelques mois. Entre temps, des milliers d'internautes ont déjà téléchargé le logiciel et ont décidé de l'adopter comme leur browser quotidien. Gardant les mêmes attraits que ses versions précédentes, le nouvel Explorer lance ses utilisateurs dans le nouveau monde de la bureautique et de la communication. Si vous n'êtes pas dans un environnement Windows 95, l'utilisation des nouveaux Netscape ou Microsoft ne fera pas vraiment de différence dans votre expérience du Web au quotidien. Mises à part quelques divergences dans l'acceptation des normes d'écriture HTML et de programmation, rien ne devrait vraiment choquer l'oeil ou les habitudes de l'internaute grâce à l'ingéniosité des créateurs de sites. La plupart des producteurs de sites arrivent maintenant à offrir un juste milieu pour permettre une expérience agréable, que l'on utilise un fureteur Netscape ou Microsoft. Bien sûr, certains diront qu'ils aiment mieux l'environnement du logiciel de courrier « Messenger » du Netscape plutôt que celui « Outlook Express » de Microsoft pour envoyer du courrier électronique, mais fondamentalement, même pour le courrier, les deux logiciels font la même chose et offrent, à quelques options près, les mêmes caractéristiques. Mais là où l'expérience change, c'est véritablement lorsque l'internaute utilise la plate-forme Windows 95 et encore mieux, utilise la nouvelle trousse de logiciel Office 97. C'est là qu'Explorer 4.0 prend une avance considérable sur son compétiteur. En créant le nouvel Explorer et la trousse de logiciel Office 97, Microsoft joue à fond la carte de l'intégration. Le fureteur est complètement « transparent », intégré à la trousse d'Office 97. L'équipe qui a travaillé sur la nouvelle trousse bureautique s'en est d'ailleurs inspiré et a revu toutes les barres d'outils de Word, d'Excel, de Power Point qui ressemblent étrangement à celles de l'Explorer. Peu importe avec quel logiciel de cette trousse on travaille, on n'est toujours qu'à un clic d'Internet. L'exemple le plus frappant, c'est encore de recevoir un document de travail rédigé sur Word 7 et qui inclut des citations extraites de sites Web. À même le document, on n'a qu'à cliquer sur l'hyperlien texte ou l'adresse du site mentionné dans le document et une fenêtre s'ouvre en offrant directement le site en question. ( Évidemment, il faut d'abord avoir un branchement avec Internet... ) Et c'est ainsi pour tous les logiciels de la trousse Office 97. Avec une démarche comme celle de Microsoft, c'est littéralement la culture mondiale ( accessible par Internet ) qui vient de se greffer à votre ordinateur personnel. Il sera très difficile à Netscape d'arriver à être aussi complémentaire que son adversaire peut l'être avec ce logiciel de bureautique. Par contre, Netscape a toujours pour lui la cote d'amour. Ça devient même, pour certains, une question de loyauté envers un des premiers pionniers du Net qui se trouve maintenant confronté au « grand méchant géant ». Navigateurs de la première heure ou récemment embarqués sur le Net, la majorité des gens qui fréquentent le Web utilisent le logiciel de navigation de Netscape. Les derniers chiffres de la répartition du marché des fureteurs, selon le magazine américain SunWorld, montrent que Netscape aurait toujours 78 % du parc des ordinateurs, tandis que Microsoft augmente constamment sa part du marché et serait rendu à 20 %. Sa course vers le sommet devrait se poursuivre de plus belle puisque Explorer est maintenant disponible sur chaque nouvel ordinateur vendu qui utilise l'environnement Windows. À la veille du lancement officiel des deux versions des fureteurs, deux facteurs restent encore à évaluer pour véritablement savoir qui prendra la tête de la course. D'abord le positionnement des producteurs de contenu face à la nouvelle réalité du « Push ». Microsoft et Netscape n'utilisant pas les mêmes normes pour offrir ce service aux internautes, quel fureteur les producteurs de contenu choisiront-ils pour offrir leur information ? Et donc, en bout de ligne, qui offrira le contenu le plus intéressant aux utilisateurs ? HTML dynamique L'autre facteur, c'est celui du HTML dynamique, cette nouvelle norme qui permettra une extension du langage HTML et donc de la création de pages Web. Avec le HTML dynamique, on peut créer des pages qui vont permettre aux utilisateurs de changer l'emplacement des éléments sans jamais envoyer une nouvelle requête aux serveurs. Tout comme un logiciel traditionnel ou un cédérom, on pourra ainsi choisir des éléments, jouer à un jeu interactif, ou planifier l'aménagement d'une pièce en utilisant une page d'un site Web de décoration par exemple. Le problème avec le HTML dynamique, c'est que les deux géants américains des fureteurs préconisent deux approches bien différentes l'une de l'autre. Ce qui forcera les producteurs de contenu à choisir l'une ou l'autre des normes proposées. On le voit, l'affaire n'est pas simple et à moins que l'un n'achète l'autre, on n'est pas à la veille du jour où nous pourrons tous avoir le même logiciel et voir les choses de la même façon.
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