Jeudi 23 janvier 2003 | Cahier Actuel |
de Bruno Guglielminetti
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The Bridge, le Napster québécois
AU MOMENT OÙ l'industrie mondiale du disque se rencontre à Cannes pour discuter de son avenir de l'industrie, et plus particulièrement du phénomène de l'échange illicite de musique sur Internet, un groupe de jeunes Québécois voit à la promotion d'un tout nouveau service mis en ligne il y a quelques semaines seulement. Le service The Bridge est l'initiative de passionnés de peer to peer , ces systèmes d'échanges de fichiers qui utilisent une technologie plus avancée que le célèbre Napster. Les systèmes P2P permettent de mettre en contact instantanément des milliers, sinon des millions d'internautes qui veulent partager des fichiers numériques. Kasaa et Morpheus sont les plus connus de ces services, mais il en existe des centaines, beaucoup plus petits et surtout, spécialisés dans certains domaines, notamment, le logiciel, la musique, la vidéo, la photo, etc. C'est dans ce contexte que Carl Fugère et ses collègues veulent développer leur créneau. Ils ont créé la compagnie Tree Technologies, qui a son tour a donné naissance au réseau The Bridge (www.thebridgecommunity.com). À la différence des autres grands services d'échange de fichiers, la communauté The Bridge insiste sur le partage de fichiers dans 20 domaines différents. Par exemple, on y retrouve des clubs de recherche et de partage de recettes culinaires, de travaux scolaires, de jeux, d'humour, de sports, de véhicules, de livres numériques ou encore d'érotisme. Mais rien n'empêche les 18 000 utilisateurs actuels du réseau d'utiliser également The Bridge pour troquer les traditionnels fichiers de musique, vidéo et logiciels. À ce chapitre, Carl Fugère se défend bien d'avoir lancé un réseau qui favorise le piratage au Québec. Pour lui, il s'agit plutôt de "faire penser aux gens à partager autre chose que la musique et la vidéo". Il prend l'exemple des gens qui collectionnent les blagues qui s'envoient par courriel. Pour ce qui est de l'échange de matériel protégé par le droit d'auteur, la musique et la vidéo étant les plus populaires, l'équipe de The Bridge espère inciter les utilisateurs du service à une utilisation responsable grâce à des mises en garde. Ils sont cependant conscients du risque de mauvaise utilisation du système par certains. Mais pour se défendre, Carl Fugère utilise l'exemple d'une grande brasserie qui vend de la bière et qui ne sera pas tenue responsable pour autant après un accident commis par un automobiliste qui aurait consommé une trop grande quantité de ses produits. En attendant, on retrouve déjà une excellente sélection de titres de l'heure, tant du coté des MP3 que des fichiers vidéos en format DIVX. Chose certaine le service, même s'il est également offert aux internautes américains et français, demeure un lieu de rendez-vous particulièrement intéressant pour les internautes québécois qui sont à la recherche de contenu culturel et informatique produit ou utilisé ici au Québec. Selon Mike Gauthier, animateur à Musique Plus et Rythme FM, "le nouveau service The Bridge n'aidera sûrement pas l'industrie du disque au Québec qui est déjà en fâcheuse position. Et surtout, qui en arrache déjà avec les autres services comme Kazaa". Le journaliste n'a pas vraiment l'impression que ce service, fait au Québec, va attirer un nouveau marché. Toujours selon lui, "ce sont les mêmes qui utilisent les autres services qui vont également se brancher sur ce réseau". |
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