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Lundi 31 octobre 2005 | CONVERGENCE |
de Bruno Guglielminetti
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Surprises péquistes sur le Web
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la campagne pour la direction du Parti québécois nous a réservé des surprises sur le Web. Des familiers de la plateforme de communication se montrent dépassés par l'exigence du support et d'autres, que l'on croyait très loin de cette préoccupation, écrivent une nouvelle page dans l'histoire dans l'utilisation du Web en campagne électorale chez nous. La plus grande déception dans cette campagne, c'est sans nul doute l'absence marquée du candidat Boisclair sur son site. Le politicien qui promettait une utilisation exemplaire de l'outil de communication se fait plutôt absent de son blogue. La campagne demande beaucoup d'énergie certes, mais lorsqu'on crée un carnet, c'est pour y être présent, et ses véritables textes se font rares. D'autant plus que André Boisclair avait adopté le «bloguisme» dès ses derniers mois de séjour à Boston. Il connaissait donc la rigueur du rendez-vous que demande ce média. L'homme aurait pu utiliser son blogue pour répondre à certaines attaques, à certaines rumeurs comme le fait aujourd'hui l'animateur Guy A. Lepage dans son carnet de Tout le monde en parle. Mais ce n'est pas le cas. Et c'est donc une belle occasion ratée, puisque son site est plutôt devenu un babillard qui permet de savoir où se trouve le candidat. À vrai dire, si vous désirez en savoir plus sur l'homme, mais pas nécessairement à son avantage, il existe le carnet Web «Non merci pas de Boisclair dans ma cour» qui fait bien jaser au sujet du candidat. Un site décapant qui, comme son nom l'indique, ne fait pas nécessairement l'éloge du politicien. D'ailleurs samedi, l'auteur du carnet se désolait de la discrétion des derniers jours d'André Boisclair, disant qu'il était en panne d'inspiration. Même la dernière sortie commentée du candidat sur son site officiel remonte au 3 octobre, c'est tout dire. À l'opposé, «l'underdog» dans cette campagne pour ce qui est de l'utilisation du Web, c'était Pauline Marois. Et à vrai dire, c'est elle la grande surprise de cette course en matière d'utilisation des nouveaux médias. Puisqu'il n'y avait pas vraiment d'attente de son côté, c'est avec surprise que les internautes peuvent découvrir un site de campagne qui remplit bien sa tâche. Un exemple parmi tant d'autres, à défaut de voir les journalistes prendre le temps de faire une comparaison entre son programme et celui d'André Boisclair, le site présente un tableau comparatif qui fait justement cet exercice. L'objectivité n'y est peut-être pas, mais il y a matière pour entamer une réflexion. Parallèlement aux deux premiers candidats de la course, il y a bien sûr les sites des Legendre, Bernard ou Lebel. En fait, les neuf candidats ont tous un site, ce qui est en soit fort louable. Il n'y a pas si longtemps encore, les organisations de campagnes électorales ne mettaient pas beaucoup d'importance à cette présence sur le Web. L'école américaine et la dernière course à la direction du parti démocrate en a sûrement fait réfléchir plus d'un sur l'importance du Web. Et surtout d'y être présent. Mais pour revenir aux sites de candidats. Il faut souligner le manque de vision du site de Richard Legendre. Il aurait tout aussi bien pu y mettre la version numérisée de son livre Richard Legendre: l'humilité.. gagnant et l'internaute en aurait eu pour son clic. Le site n'est pas un site, c'est un repaire d'archivistes. Il passera sûrement pour le recycleur en chef de cette campagne. Rien ne se perd avec lui. Un article à son sujet, et ça devient un fichier à consulter, un passage au réseau LCN et, hop, c'est un nouveau fichier vidéo sur son site. L'équipe Legendre aura au moins le mérite de créer un site Web qui pourra service de base à un cours de politique avec les divers aspects d'une campagne à la direction. Dans le cas de Ghislain Lebel, le site est à l'image du candidat: il est là, mais discret. Et c'est plutôt surprenant, venant de la part d'un candidat qui dit manquer de visibilité dans cette course. Pourquoi ne pas profiter du Web pour avancer certaines idées ou interpeller les membres du PQ? Mais il n'en est rien. D'ailleurs, on ne compte que trois commentaires du candidat Lebel dans son carnet, c'est tout dire. Et puis, il y a le site de Louis Bernard. Un site qui nous permet d'en apprendre un peu plus sur l'homme qui a longtemps habité les coulisses du pouvoir à Québec. Et contrairement à son slogan de campagne qui donne dans le solide, le site dépeint plutôt un homme chaleureux avec les gens, qui cherche à partager son expérience. Il faut reconnaître son sens de l'humour alors qu'il invite les internautes à ne pas manquer son passage à l'émission d'Infoman de Jean-René Dufort. Voilà un candidat qui n'a pas peur de la caméra. Évidemment, il faut souligner le site de la campagne à la direction du PQ, le site Course2005.pq.org. C'est un bel exemple pour illustrer l'utilité du Web comme outil pédagogique dans le cadre d'un nouveau mode de scrutin. Le site a la qualité d'être clair et instructif quant au fonctionnement du vote préférentiel qui permettra aux membres du PQ de choisir leur prochain chef. En plus, le PQ a eu la bonne idée de diffuser sur Internet les débats des neufs candidats, et le site de la course conserve ces débats en archives. Peu importe le choix que feront les membres du Parti québécois à la mi-novembre, il reste que cette course à la direction du PQ aura été un bel exemple pour l'utilisation du Web en campagne et, surtout, une bonne répétition pour la prochaine campagne électorale. |
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