Lundi 25 juillet 2005 | CONVERGENCE |
de Bruno Guglielminetti
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Les 20 ans de la téléphonie cellulaire au Canada
Si vous êtes un abonné du téléphone cellulaire, votre fournisseur de service vous a sûrement fait parvenir une petite note soulignant les 20 ans du service au Canada. En fait, un Canadien sur deux a probablement reçu ce petit document, car selon le cabinet de recherche Yankee Group, 47,6 % de la population canadienne aurait un téléphone cellulaire. Dans un rapport publié le mois dernier, Statistique Canada souligne qu'il y avait 13,2 millions d'abonnés aux services de communications cellulaires à la fin de 2003, soit dix fois plus qu'à la fin de 1993. Un chiffre qui continue d'augmenter, car le nombre d'abonnés dépassait les 14 millions l'été dernier. Et malgré ces chiffres impressionnants, il semble exister encore un potentiel considérable de croissance dans le secteur, car toujours selon l'analyse de Statistique Canada, le taux de pénétration des communications mobiles au Canada, qui se situait à 41,8 abonnés de la téléphonie cellulaire par 100 habitants à la fin de 2003, serait bien inférieur à celui aux États-Unis (54,3), en Europe (55,4) et dans les pays de l'OCDE (63,2). Vingt ans plus tard, l'industrie des télécommunications sans fil fait toujours de très bons profits et surtout, des profits toujours grandissants. Normal, les abonnées en veulent toujours plus et payent toujours plus. On le voit très bien en regardant de plus près l'augmentation des revenus moyens par abonné. D'une moyenne de 46,72 $ par mois en 2001, les revenus sont passés à 50,62 $ en 2002 et à 52,32 $ en 2003. Avec la popularité grandissante de la messagerie textuelle et du téléchargement de sonnerie, les revenus moyens par abonné ont probablement dépassé le cap des 55 $ par mois cette année. Une aventure commencée en 1985 Mais revenons donc à l'origine des festivités. C'est effectivement en juillet 1985 que l'aventure du téléphone mobile a commencé au Canada. À l'époque, Bell comptait plus de 12 000 abonnés à son service de téléphonie cellulaire analogue. Tous des gens qui ont connu les joies de la trousse 5000 de Motorola, juste avant l'arrivée de la brique DynaTAC 8000X du même fabricant américain. De son côté, Cantel offrait une option alternative de poids avec son propre réseau dans les grandes villes du pays. Cependant, même si l'histoire du téléphone cellulaire au pays a 20 ans, on peut dire que c'est véritablement les neuf dernières années qui ont compté le plus. Car de 1985 à 1996, peu de développements technologiques ont marqué l'évolution du service et des appareils. Certes, la brique de Motorola a fait place à des appareils moins imposants, mais les consommateurs n'avaient pas encore accès à un très vaste choix d'appareils et de services comme aujourd'hui. Vingt ans plus tard, on peut également dire que cet avant-gardisme du déploiement cellulaire chez nous, par rapport à d'autres continents sur la planète, est probablement le grand responsable du retard que nous accusons en ce moment sur le reste de la planète en matière de services cellulaires. Alors que Bell a voulu rentabiliser au maximum son vaste réseau analogue, le modifiant ici et là pour accommoder la technologie numérique dans certaines zones, Rogers de son côté a aussi longtemps vécu en profitant du premier grand réseau pancanadien développé par Cantel. Mais ce n'est vraiment que lors de l'arrivée de Microcell dans le paysage téléphonique, avec sa marque Fido, que les deux géants ont véritablement compris qu'ils devaient faire plus et surtout, modifier leurs pratiques et moderniser leur réseau pour offrir une technologie plus avancée aux clients. Parent pauvre Pour être honnête, il faut ajouter que l'Amérique du Nord en général fait figure de parent pauvre dans le domaine de la technologie cellulaire. La majorité des fournisseurs de services ayant misé dès le départ sur les plateformes de téléphonie CDMA et TDMA, alors que le reste de la planète choisissait la technologie GSM développée en Europe en 1982. Selon les dernières données disponibles, il y aurait dans le monde plus de 1,4 milliard d'utilisateurs d'appareils GSM comparativement à 256 millions d'utilisateurs d'appareils CDMA. Des chiffres qui parlent par eux-mêmes et qui expliquent l'intérêt des développeurs à se concentrer sur le marché GSM pour le développement de nouvelles applications. Ici au pays, Fido aura été le pionnier en matière d'utilisation de la technologie GSM et Rogers aura été le second à comprendre l'intérêt de faire migrer sa clientèle vers la technologie GSM et sa seconde génération technologique, le GPRS. Alors pendant que les Bell, Telus et Rogers de chez nous nous expliquent encore ce qu'est un SMS, l'utilisation de ces petits messages textes a fait place aux messages en photos et vidéo partout ailleurs dans le monde. Alors que nous découvrons le téléchargement de sonneries polyphoniques, les téléspectateurs de MTV en Europe peuvent télécharger la chanson qu'ils regardent à l'écran en moins de 15 secondes sur leur téléphone. Pendant que l'on nous promet la télévision sur téléphone cellulaire depuis mai dernier - elle devrait arriver le mois prochain chez Rogers - au Japon comme ailleurs dans le monde, les fournisseurs de services cellulaires vantent la qualité de la vidéoconférence par cellulaire à leur clientèle. À titre d'exemple, la semaine dernière j'étais sur la côte méditerranéenne et j'observais un couple italien qui achetait par vidéophone. Un homme était sur la plage en grande conversation vidéo avec sa conjointe retenue à Rome. Un marchand s'est arrêté devant lui pour lui offrir diverses paires de lunettes de soleil. Après avoir vérifié l'intérêt de sa conjointe pour un tel produit, il a retourné l'appareil vers l'étalage du marchand ambulant et celle-ci a choisi à distance la paire de lunettes en question, son conjoint lui promettant de les lui ramener, aussitôt les vacances terminées. Alors pendant que Bell Mobilité offre à tous ses clients 20 sonneries polyphoniques gratuites pour souligner les 20 ans du service, ailleurs on fait la promotion des appareils cellulaires qui deviennent un outil de paiement, un lecteur de code-barre ou encore, un outil de positionnement GPS. Malheureusement, 20 ans plus tard chez nous, nous sommes encore bien loin de tout cela. |
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