Lundi 24 octobre 2005 | CONVERGENCE |
de Bruno Guglielminetti
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Télévision numérique, la lente transition
canadienne
Cette semaine, le Sénat américain va donner le coup d'envoi du grand virage technologique de la télévision en Amérique du Nord. La semaine dernière, le comité sénatorial sur le commerce a voté un projet de loi qui obligera les télédiffuseurs américains à passer obligatoirement à la diffusion numérique à compter du 7 avril 2009. Jeudi, ce sera au tour de tous les sénateurs d'entériner la loi. Mais rassurez-vous, les sénateurs ne veulent pas laisser dans le noir des millions d'électeurs qui n'auront pas fait l'acquisition du matériel nécessaire. C'est pourquoi, parallèlement à l'avancée vers la date butoir, le comité veut mettre en place un programme de trois milliards de dollars américains pour subventionner l'acquisition d'une petite boîte qui servira à convertir le nouveau signal pour les «vieux» téléviseurs analogues. Une solution pour s'assurer que les 73 millions de téléviseurs américains, qui captent uniquement la télévision par voie hertzienne aujourd'hui, ne soient pas laissés dans le noir. Heureusement pour le gouvernement de Washington, la majorité des Américains utilisent le câble ou le satellite pour capter les signaux analogiques et numériques. Le numérique au Canada Chez nous, pas de date butoir pour la diffusion du signal télévisuel en numérique. Le CRTC veut plutôt offrir une transition qui se fera au rythme du marché. Le CRTC n'impose aucun délai, la transition devant suivre le rythme des investissements des radiodiffuseurs et de la demande des consommateurs. Mais il est certain que la date butoir des Américains aura son impact dans la planification des télédiffuseurs canadiens. Le Conseil a tout de même prévu un cadre de réglementation pour la transition vers la télévision numérique en direct, en juin 2002. Le CRTC était alors convaincu que ses balises permettraient d'assurer une transition efficace et en douceur vers la télévision numérique. Quatre principes doivent dicter la transition vers la diffusion numérique au pays. D'abord, les Canadiens doivent bénéficier pleinement des progrès technologiques, la migration vers le numérique doit stimuler l'industrie canadienne de la télédiffusion, la transition ne doit pas être ralentie à cause de mesures réglementaires inutiles et finalement, les objectifs culturels de la Loi sur la radiodiffusion doivent être préservés. Période de transition Avec cette politique de transition, le CRTC espérait à l'époque qu'en période de transition nous pourrions continuer d'avoir accès à l'ensemble des services analogiques en direct et donc, être libre d'améliorer ou non notre équipement télévisuel à notre rythme, selon notre budget. On doit avouer que jusqu'à maintenant, c'est le cas. Ce qui émane de la décision du CRTC, c'est l'importance de s'assurer que les télédiffuseurs bâtissent des réseaux de diffusion numérique pour couvrir l'équivalent des zones aujourd'hui desservies par le signal analogique. D'ailleurs, le CRTC est très clair quant à l'obligation des télédiffuseurs de maintenir leur couverture analogique actuelle durant toute la période de transition, pour s'assurer que les contribuables continuent à bénéficier de l'accès gratuit et universel à la télévision en direct. Haute définition Dans son cadre de réglementation pour la transition vers la télévision numérique en direct, le CRTC aborde la question de la production en format haute définition. À titre de mesure d'incitation à la production canadienne en haute définition, toutes les émissions numériques canadiennes diffusées par les télédiffuseurs entre 18 h et minuit devront être en haute définition lorsque cette version existe. De plus, les télédiffuseurs devront s'assurer que les deux tiers de leur grille horaire soient en version haute définition d'ici à la fin de l'année 2007. Concrètement au Québec, les divers joueurs se préparent. Dans la région montréalaise, Radio-Canada offre déjà sa programmation en format numérique et en haute définition par voie hertzienne. Chez Télé-Québec, on a obtenu en juillet dernier la permission du CRTC de diffuser simultanément l'actuel service de programmation de CIVM-TV en numérique dans la grande région montréalaise. Télé-Québec parle même d'ajouter des émissions supplémentaires en format haute définition, dont 50 % du contenu serait de la production canadienne. Virage numérique, mort du VHS C'est dans ce contexte de migration vers le tout numérique que l'on s'apprête maintenant à voir disparaître les cassettes VHS des étagères des clubs vidéo. Après 28 ans d'existence, la plupart des grands fabricants se préparent à diminuer considérablement la fabrication de cassette VHS. Les studios Twenty Century Fox et Warner Bros. confirment même la mise à mort du film en format VHS pour la fin de l'an prochain. Un scénario qui n'est pas sans rappeler la disparition de la cassette huit pistes, du disque et de la cassette. Avec un taux de pénétration de 80 % dans les chaumières canadiennes et plus particulièrement de 66 % dans les foyers québécois, le lecteur DVD connaîtra donc son heure de gloire dans les mois à venir alors qu'il sera bientôt élu roi pour encore quelques années, avant qu'une nouvelle technologie ne vienne le détrôner. Distribution par Internet À moins que ce ne soit Internet qui vienne sournoisement prendre sa place. Le studio Universal annonçait récemment vouloir vendre directement par Internet tout son catalogue. D'ici Noël ou au plus tard au début de l'an prochain, il sera possible de télécharger les films du studio et de les stocker sur son ordinateur. Un foyer équipé d'un réseau sans fil pourra alors facilement relier le téléviseur à l'ordinateur pour accéder au film de son choix. Est-ce pour cette raison que la chaîne musicale américaine MTV vient de faire l'acquisition du site iFilm. Après le lancement d'une nouvelle chaîne télé sur Internet, le réseau MTV a fait l'acquisition du site de cinéma iFilm la semaine dernière. En échange de 57 millions de dollars, MTV s'offre le portail spécialisé dans les courts métrages, l'équivalent commercial aux États-Unis du site Silence on courts de l'ONF. C'est une acquisition qui permet au groupe MTV de développer le volet de la vente en ligne du film et vidéoclip. |
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