Lundi 24 mai 2005 | CONVERGENCE |
de Bruno Guglielminetti
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La grand-messe de l'industrie du jeu vidéo
L'industrie du jeu vidéo est en pleine santé et prête plus que jamais à aller conquérir de nouveaux adeptes. C'est probablement de cette façon que l'on pourrait le mieux résumer la grande rencontre de l'industrie du jeu vidéo qui vient de se terminer à Los Angeles. Il y a bien quatre ans, alors que Microsoft entrait tête première dans l'univers du jeu vidéo, que l'on n'avait vu autant d'intérêt à suivre, sur place ou par Internet, les moindres présentations des grands et petits joueurs de l'industrie pour découvrir le futur des jeux vidéo. Car elle a beau avoir plus de 33 ans cette industrie, elle ne fait pas son âge. Peu de gens s'en souviennent, mais c'est en 1972 que l'on a vu l'apparition du premier jeu vidéo. C'était l'arrivée du Pong dans les arcades, avant d'envahir les chaumières en 1975. Depuis cette époque où de petites raquettes de tennis s'échangeaient un petit point noir de chaque côté de l'écran du téléviseur, bien des octets ont passé. Aujourd'hui, on parle d'une industrie qui génère des revenus de plus de 10 milliards de dollars par année. Des consoles toujours plus puissantes Cette édition 2005 du E3 à Los Angeles, on peut dire qu'elle représente un renouveau pour cette industrie. C'est un nouveau chapitre qui s'inscrit sous la promesse de nouvelles consoles plus puissantes, ces Xbox 360 de Microsoft, PlayStation 3 de Sony et Revolution de Nintendo vont permettre aux développeurs de se défoncer en créativité. Et surtout, ces consoles vont permettre aux développeurs de ne plus se préoccuper des contraintes de puissance de processeur comme c'était le cas ces dernières années. Certains diront même que les nouvelles consoles de salon permettront enfin un rapprochement entre la qualité visuelle du jeu vidéo et celle du cinéma. Une façon de plus de simuler l'imagination du joueur, pour lui permettre une plus grande immersion dans un monde virtuel. Mais cette abondance de super-puissance ne fait pas l'affaire de tous les studios et éditeurs de jeux. Car ces nouvelles consoles vont demander des jeux très performants, qui vont coûter cher à produire et le marché ira aux grands studios. Alors que les petits éditeurs ne pourront plus suivre, car ils n'auront pas les millions de dollars à investir dans la production de jeu à la Hollywood avec des effets spéciaux de grande qualité HD et avec son ambiophonique. Les grandes adaptations Si l'édition 2004 avait été marquée par un nombre impressionnant de suites de jeu, le plancher de cette édition 2005 du E3 en comptait peu. La plupart des visiteurs cherchaient à voir les nouveautés, comme les premières images du jeu King Kong. Même le réalisateur Steven Spielberg a été aperçu parmi les badauds au stand de l'éditeur Ubisoft pour avoir droit à un avant-goût de la méga-production. C'était également le temps de faire miroiter l'adaptation en jeu vidéo de la série américaine 24 heures chrono ou encore, de la trilogie du Parrain avec les voix originales, dont celle de Marlon Brando qui a refait l'enregistrement de la voix de son personnage quelques semaines avant de mourir. Et puis, cette grand-messe du jeu vidéo, c'est également l'occasion de voir que le secteur du jeu portatif prend sa place sur l'échiquier de l'industrie. Dans la dernière année, on a beaucoup parlé de l'avancée faite dans le domaine du jeu sur téléphone cellulaire, et les diverses annonces faites la semaine dernière illustrent bien le sérieux de ce débouché. Nokia, par exemple, a confirmé que ses nouveaux modèles haut de gamme seraient dorénavant compatibles avec les jeux vidéo produits pour sa console de jeu N-Gage. De son côté, l'éditeur Internet Yahoo a décidé de créer une passerelle entre les joueurs sur Internet et les joueurs sur téléphones cellulaires. Bientôt, il sera possible pour les gens qui utilisent sa section de jeu en ligne de se mesurer à des gens qui utilisent le service de jeu de Yahoo pour téléphone cellulaire. Concrètement, un internaute branché à la section Yahoo Games pourra jouer au poker virtuel contre un joueur qui sera branché à la même partie grâce à son téléphone cellulaire. La publicité trouve sa place Malheureusement pour les joueurs, c'est également cette année que les annonceurs semblent avoir découvert l'importance du jeu vidéo. S'ils perdent de plus en plus de téléspectateurs traditionnels, cette fois, ils viennent d'en trouver quelques millions devant leur console et leur ordinateur. Résultat, la publicité dans les jeux vidéo devrait bientôt faire partie des plans de communication de plusieurs grandes entreprises. D'ailleurs, c'est déjà le cas dans certains jeux, pensons aux Sims qui visitent un McDonald ou encore, à un jeu de planche à roulettes où l'un des personnages passe tout près d'un McDonald. En matière de publicité, tout reste à faire dans le monde du jeu. C'est l'entreprise Double Fusion qui annonçait la semaine dernière un nouveau système de placement publicitaire qui permettrait de gérer un espace publicitaire dans un jeu. Par exemple, un personnage pourrait ramasser une canette de boisson gazeuse en après-midi et au même endroit, y trouver une canette de bière le soir. La présence du Québec Pour une seconde année consécutive, Téléfilm Canada a mandaté l'Alliance numériQC pour organiser la présence québécoise et canadienne à l'événement. Une trentaine d'entreprises canadiennes étaient présentes sous l'enceinte du Pavillon du Canada. Pour l'Alliance numériQC, c'est l'occasion de faire la promotion des entreprises québécoises - on en comptait une dizaine - mais également de tisser des liens avec des partenaires potentiels qui pourraient bien trouver leur compte parmi les joueurs québécois. Que ce soit un studio de création comme Sarbakan ou le studio québécois d'un géant comme Ubisoft ou Electronic Arts. Selon Olivier Jasmin, coordonnateur au développement des affaires à l'Alliance numériQC, l'édition 2005 du E3 aura été une bonne année pour la délégation québécoise. Parallèlement aux rencontres exploratoires, il y aurait eu plusieurs lettres d'intentions et de contrats fermes qui auraient été signés. Et Jasmin ajoute qu'il n'est plus rare maintenant d'entendre les étrangers décrire Montréal comme étant le nouveau Hollywood de jeu vidéo. Pour conclure sur le thème de la présence du Québec dans l'industrie du jeu vidéo, il faut aussi ajouter que, parmi les trois consoles qui seront en lice pour décrocher le coeur des joueurs en 2006, l'une comporte des composantes fabriquées chez nous. Le fabricant IBM me confirmait récemment que les processeurs PowerPC, qui se trouvent au centre de la nouvelle Xbox 360, sont fabriqués à l'usine de Bromont. |
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