Lundi 23 janvier 2006 CONVERGENCE
de Bruno Guglielminetti

Une campagne électorale plus branchée que jamais

Au jeu des comparaisons, le Bloc québécois a fait le meilleur usage d'Internet durant la campagne électorale, estime le magazine PC World

La campagne électorale, qui se termine aujourd'hui, passera sûrement à l'histoire comme l'une des plus branchées de l'histoire des campagnes électorales canadienne. Des Blackberry qu'utilisent les organisateurs et les journalistes en passant par les blogues, les sites Web et même la baladodiffusion, les électeurs branchés n'ont jamais été aussi bien servis.

À un point tel qu'un magazine informatique canadien a eu la bonne idée de créer son palmarès des élections branchées. La filiale canadienne du magazine américain PC World a cru bon de souligner le travail des partis dans différents domaines reliés au Web. Et le slogan de la remise des prix, baptisés Federal Election Digital Awards, donne le ton de l'analyse, «Oublions les plateformes, qui a le meilleur site et le meilleur blogue de campagne?».

Meilleur blogue

La rédaction a donné la palme du meilleur blogue de campagne au Bloc québécois. Selon elle, même si une bonne partie de l'électorat canadien ne peut lire le français, ils trouvent rafraîchissant de voir un chef de parti s'adresser lui-même à ses concitoyens, par l'entremise d'un blogue, sans passer par les services d'un rédacteur qui pond des textes selon les directives du service des communications du parti.

D'ailleurs, parmi les principaux chefs des grands partis, Gilles Duceppe est le seul qui a cru bon d'utiliser ce moyen de communication pour s'adresser directement aux électeurs. Les publications n'étaient pas fréquentes, mais au moins, les propos étaient de lui. Encore ce week-end, Duceppe publiait un commentaire pour fouetter ses troupes et faire sortir le vote.

C'est un usage exemplaire qui contraste avec l'utilisation qu'en avaient faite les libéraux lors de la dernière campagne. À l'époque, le parti libéral donnait l'illusion aux lecteurs que le chef du parti tenait un journal de campagne en ligne, commentant ici et là les activités du jour de campagne. J'imagine encore Paul Martin, jour après jour, commenter l'importance de régler le déficit et dans la foulée, décrire l'épluchette de blé d'Inde ou le souper spaghetti du jour.

Meilleur site

Revenons aux PC World Awards, le prix du meilleur site Web de la campagne revient également au Bloc québécois. Selon la rédaction du magazine, même si le Parti conservateur et le Bloc était à égalité dans cette discipline, le Bloc a remporté la palme parce qu'il en faisait toujours un peu plus. On souligne notamment les cybercartes humoristiques ou encore, les documents vidéo qui présentent chacun des candidats du Bloc. Bref, la conclusion de mes collègues de la presse informatique anglophone est simple, le site Web du Bloc est intéressant, même s'ils ne peuvent en lire un seul mot.

Dans une catégorie de dernière minute, dont le titre me fait sourire «meilleur site Web anglophone de campagne», le Parti conservateur décroche la première place. Un site bonifié depuis la campagne de 2004 où l'importance des blogues a été reconnue, notamment par la place que l'on fait aux carnets de jeunes et moins jeunes conservateurs pour y discuter de questions pas toujours faciles.

Innovation

En matière d'innovation dans cette campagne, l'équipe rédactionnelle du PC World Canada donne le premier prix au Parti vert. Selon eux, c'est le seul parti dans cette campagne qui n'a pas utilisé son site Web pour demander aux citoyens de financer leur campagne. Au contraire, le site des Verts offre plutôt des trucs pour faire économiser les Canadiens. En commençant par des trucs pour diminuer la facture de chauffage.

Mais parlant d'innovation, il ne faut pas oublier l'arrivée de la baladodiffusion. Le Parti conservateur et le NPD ont fait un bon usage du nouveau média en s'assurant de contrôler le message jusqu'à l'oreille des électeurs. Malheureusement pour eux, peu d'électeurs connaissent l'existence même de ces petites émissions audio et vidéo spécifiquement concoctées pour eux. Et c'est sans parler de la Radio NPD mise en ligne pour la campagne.

Cette campagne aura également été la source de nombreuses réflexions de la part de carnetiers québécois. Probablement un record. Le phénomène existe depuis plusieurs élections chez nos voisins du Sud, mais ici, jamais par le passé, je n'ai lu autant de propos au sujet de la campagne sur les blogues ou sur les sites Web des internautes. Des propos qui allaient des faits et gestes des chefs en passant par les controverses soulevées pendant la campagne; presque tout y est passé.

D'ailleurs à ce sujet, je lisais récemment les propos de l'analyste Web Michel Leblanc, de chez Analyweb, qui disait que c'est Paul Martin qui aura généré le plus d'intérêt sur sa personne dans les blogues qui traitaient de la campagne. Leblanc cite les résultats de l'outil de mesure Blogpulse pour démontrer comment Paul Martin a été le chef de parti mentionné le plus souvent par les carnetiers pendant la campagne. Pour ce qui est des partis, c'est le Bloc québécois qui semble avoir eu la faveur des carnetiers, toutes langues confondues.

Pas de clavardage

Mon seul regret « techno » dans cette campagne, c'est l'absence de clavardage avec les chefs des principaux partis. Les sites des grands médias de chez nous ont bien offert des articles, des dossiers ou encore, des entrevues audio ou vidéo avec les chefs, mais aucun site n'a offert une série de clavardages pour rencontrer les chefs. Une rencontre qui permet aux électeurs d'interpeller directement les chefs, avec des questions en direct sur Internet. Je me souviens d'un passé pas si lointain ou même un Jacques Chirac a dû prendre le temps de s'asseoir pour répondre aux questions des électeurs branchés lors de la dernière présidentielle en France.

 

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