Lundi 22 août 2005
CONVERGENCE
de Bruno Guglielminetti

Jean-François Fillion bientôt sur Internet

Au beau milieu de poursuites et de scandales qui entachent toujours son nom, l'animateur Jean-François Fillion prépare son retour au microphone dans un monde parallèle. Pas question de retourner à CHOI, pas question de prendre l'autoroute 40 pour aller rejoindre le roi Arthur à Donnacona, Jean-François Fillion prépare plutôt son retour en grand, sur le réseau Internet.

L'animateur de Québec n'a jamais caché son intérêt pour le monde d'Internet. D'ailleurs, il déclare: «Moi, je suis un maniaque de tout ce qu'il y a comme nouveaux gadgets. J'ai toujours été un maniaque d'Internet. Je suis toujours branché.» L'animateur, aujourd'hui devenu producteur, a décidé de profiter de sa nouvelle notoriété pour offrir le premier service de radio payant au Québec: «Je veux sauter là-dedans à pieds joints avant que tout le monde embarque dedans. Je crois qu'il faut s'implanter en premier, il faut faire son nom et il faut faire sa place tout de suite, parce que, dans quatre ou cinq ans, il sera déjà trop tard.»

Le marché est prêt, et la technologie est là. Jean-François Fillion affirme: «Il y a trois ans, on n'était pas capable d'avoir plus de mille personnes sur un serveur pour nous écouter avec une qualité moyenne. Aujourd'hui, on peut avoir 50 000 personnes à des coûts de 50 ¢ l'utilisateur avec une qualité CD ou à peu près. Ça donne d'énormes possibilités pour le futur.»

Ses plus fidèles auditeurs ne seront donc pas surpris d'apprendre la mise en chantier de son grand projet de radio sur Internet. Un service de radio payant qui offrira un bouquet d'une douzaine de stations audio avec, en plus, quelques personnalités radiophoniques pour agrémenter l'offre. Une offre qui, selon Fillion, poussera les internautes québécois à débourser jusqu'à 5,99 $ par mois pour avoir accès à cette programmation exclusive en direct sur Internet ou en différé.

Car le producteur Jean-François Fillion tient mordicus à offrir à la fois de la programmation en direct et aussi à permettre aux lève-tard, par exemple, de pouvoir prendre les premières heures de son émission du matin et de pouvoir les télécharger sur leur baladeur numérique pour les écouter plus tard dans la journée. La diffusion en direct et la baladodiffusion sont au coeur de son projet de diffusion par le réseau Internet, un service offert en ligne dès la fin de l'hiver prochain.

Et pas question de comparer son service payant à celui de MSN Radio ou Yahoo Radio. Des services qui, selon lui, «sont des radios qui n'ont pas d'âme, qui ne ressemblent pas à de la radio traditionnelle». Fillion trouve que le paysage radiophonique payant sur Internet ressemble à de l'improvisation et que les animateurs manquent dans l'offre.

L'avantage indéniable de s'installer sur Internet pour Jean-François Fillion, c'est l'absence du CRTC. L'organisme a décidé de ne pas réglementer le contenu qui s'y trouve. Résultat, l'animateur n'aura pas le glaive des autorités fédérales sous la gorge. Cependant, il ne pourra pas nécessairement errer dans un flou juridique, puisque toutes les lois canadiennes et québécoises, notamment dans le domaine de la diffamation et de l'atteinte à la réputation d'autrui, ont également force de loi dans le cybermonde canadien.

À ce propos, Jean-François Fillion se prépare à voir se brancher une ribambelle d'avocats à l'écoute de ses propos. L'animateur raconte qu'à l'époque où il animait encore son émission sur les ondes de CHOI à Québec, tous les matins, il voyait se brancher sur le serveur Internet de la station, huit auditeurs en provenance du ministère du Patrimoine canadien.

Cette migration vers Internet pour retrouver le microphone n'est pas sans rappeler l'expérience d'un ex-animateur français de la chaîne Skyrock. Remercié de l'antenne par son employeur en 1997, l'animateur connu sous son prénom Maurice avait décidé de trouver sa voie sur Internet. Contrairement à Jean-François Fillion, «la terreur des ondes» française avait alors misé sur la sympathie de ses fidèles et, sans hésitation, Maurice avait demandé à ses auditeurs de mettre la main à leur poche. Chèque, carte de crédit et virement bancaire, tout était accepté. Résultat, le site Mauriceradiolibre.com est toujours en ligne et offre, encore aujourd'hui, des émissions de l'animateur. Cette présence sur le Web a permis à l'animateur de conserver la fidélité de ses légions et, même, de faciliter progressivement le retour de l'animateur sur plus de 120 stations de radio indépendantes de France et de Belgique avec le modèle économique de la souscription (syndication).

Mais, parallèlement à son service Internet, Jean-François Fillion souhaite toujours trouver sa place dans la nouvelle offre de radio par satellite au Canada. L'animateur et producteur, qui est abonné aux deux services Sirius et XM Satellites, explique aujourd'hui que, bien qu'il ait déjà eu des discussions avec les représentants des consortiums canadiens qui représentent les services au Canada, rien n'est arrêté pour le moment. «Il faut que je sois assez patient pour voir qui est le vrai patron, et on ira voir les vrais patrons. Moi j'ai parlé à des gens des deux clans et, plus le temps avance, plus je me rends compte que, les vrais patrons, j'ai l'impression qu'il va falloir franchir la frontière pour leur parler», précise Jean-François Fillion.

Cependant, contrairement à sa présence sur Internet, sa décision de prendre le microphone sur une chaîne offerte par satellite au Canada pourrait causer des tracas à son diffuseur. En effet, contrairement à son pendant aux États-Unis, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes a décidé de réglementer le contenu des services de radio par satellite au pays. L'animateur de la Vieille Capitale ne pourra donc pas bénéficier du même privilège de liberté d'expression que son collègue Howard Stern, qui a accepté d'animer les matins du réseau satellitaire Sirius pour la rondelette somme d'un demi-milliard de dollars américains.

Pour les lecteurs qui désirent en savoir plus sur les intentions «numériques» de Jean-François Fillion, l'intégrale de l'entrevue avec l'animateur et producteur est disponible pour écoute au site du carnet Techno (www.radio-canada.ca/techno).

 

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