Lundi 3 octobre 2005 | CONVERGENCE |
de Bruno Guglielminetti
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Échange de fichiers, l'industrie du
disque ne lâche pas prise
C'est au tour de l'Association de l'industrie canadienne de l'enregistrement de lancer une vaste campagne pour sensibiliser les consommateurs au fléau du piratage des oeuvres musicales. Selon un sondage commandé par l'organisme qui représente les intérêts de l'industrie du disque au Canada, pour chaque chanson achetée chez un magasin en ligne comme Archambault Zik, Puretracks ou iTtunes, 14 chansons sont téléchargées illégalement par le biais des services d'échange de fichiers comme Kazaa ou BitTorrent. Légale ou pas, la pratique du téléchargement de chanson par l'entremise de grands réseaux d'échange internationaux fait maintenant partie du paysage Internet depuis 1999. C'est cette année-là que Shawn Fanning décidait de rendre accessible son système d'échange de fichiers Napster au reste de la planète. Un réseau qui jusque-là était principalement réservé à ses collègues du campus de la Northeastern University de Boston. Et même si la semaine dernière les pressions de poursuites judiciaires de l'association de l'industrie musicale américaine ont eu raison du service d'échange de fichiers eDonkey. Une semaine après la fermeture du service WinMX, il semble que le monde de l'échange se porte bien. Récemment, l'entreprise de recherche en télécommunications TeleGeography confirmait une fois de plus la popularité des services d'échange de fichiers comme Kazaa et BitTorrent. Selon TeleGeography, la demande mondiale en bande passante avait augmenté de 42 % l'an dernier et, à lui seul, le service BitTorrent générait le tiers de toute la circulation des données sur le réseau Internet. Mais pour revenir à cette campagne de l'Association de l'industrie canadienne de l'enregistrement, elle est lancée, coïncidence, juste au moment où le gouvernement fédéral s'apprête à modifier la Loi sur le droit d'auteur pour rendre illégal l'échange de chanson par Internet au Canada. Il faut savoir que, jugement après jugement, les magistrats canadiens ont confirmé jusqu'à aujourd'hui qu'il n'était pas illégal de télécharger de la musique par Internet au Canada. Aucun juge n'a toutefois affirmé que la chose était légale. Projet de loi critiqué Si le projet déposé en juin dernier devient loi, il sera par exemple illégal d'envoyer ou de rendre accessible des chansons aux usagers de service comme Kazaa ou les autres. En cas de violation de cette loi, un internaute pourrait devoir rembourser de 500 à 20 000 $ en dommages et intérêts aux ayants droit pour chaque titre rendu disponible illégalement. Mais c'est ce même projet de loi qui est vertement critiqué par un consortium composé des ministres de l'Éducation de l'ensemble du pays, à l'exception du Québec. Selon ce consortium, la nouvelle loi proposée comporterait trop de restrictions, particulièrement l'obligation pour les écoles de maintenant payer chaque fois que les élèves utilisent en classe du matériel provenant du réseau Internet. Toujours selon les résultats de l'enquête commandée par les représentants de l'industrie du disque au Canada, les magasins de disques auraient perdu plus de 500 millions de dollars en ventes depuis 1999. De plus, selon l'étude réalisée auprès de 1200 répondants âgés de 12 ans et plus par la maison Pollara, ce sont en majorité des jeunes qui échangent de la musique par Internet. Plus précisément, dans 78 % des cas de téléchargement, les internautes seraient âgés de 12 à 24 ans, Cela étant dit, le véritable enjeu derrière toutes ces campagnes de sensibilisation du public et les opérations de fermeture des services d'échange de fichiers, c'est évidemment la reprise du contrôle de la distribution de la musique en ligne. Malgré tous les sondages et études qui tendent à prouver l'importance accrue de ces réseaux d'échange dans la mise en marché et la découverte des artistes et leurs créations, les grandes maisons de disques ne semblent y voir qu'une source de distribution illicite. Le problème - ils le réaliseront trop tard, une fois tous les eDonkey mis K.O -, c'est que l'industrie de la musique ne fait que repousser dans les tranchées d'Internet l'échange de musique. Alors qu'il était encore possible de retracer l'échange de leurs oeuvres sur Kazaa, ils auront bientôt beaucoup plus de difficulté à trouver les nouveaux réseaux sélects d'échange de musique en ligne qui commencent déjà à venir pallier les besoins des consommateurs qui veulent plus de choix et de flexibilité que l'industrie du disque ne leur en offre. |
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