Lundi 2 février 2009 CONVERGENCE
de Bruno Guglielminetti


Le vol d'identité mérite toute notre attention

Saviez-vous que mercredi dernier, c'était la Journée mondiale de la protection des données et de la vie privée? Peut-être pas, comme la majorité des gens sur cette planète. Et pourtant, on parle d'une seconde édition du Data Privacy Day au Canada, aux États-Unis et dans 27 pays européens. Le but de cette journée? Conscientiser les citoyens à la situation, autant aux risques qu'aux moyens à prendre pour minimiser les risques, et rappeler aux professionnels de l'industrie leurs responsabilités envers toutes ces données qui transitent par leurs ordinateurs.

Au même moment, la maison de recherche ComScore nous apprenait que les réseaux sociaux allaient très bien et avaient toujours la confiance des internautes. En décembre dernier, plus de 222 millions d'internautes uniques ont visité Facebook, 100 millions MySpace. Et l'on estime le nombre d'utilisateurs actifs de Facebook à 150 millions d'internautes dans le monde, dont 9 495 460 au Canada et 1 422 420 au Québec seulement. Imaginez un peu, sachant que la population en ligne vient tout juste de passer la barre du milliard, cela signifie qu'un internaute sur cinq dans le monde est passé par Facebook et que plus d'un internaute sur six a une page Facebook qui donne son identité et offre un minimum de renseignements sur lui.

Coût astronomique

Coïncidence, le lendemain du Data Privacy Day à Davos, l'éditeur de logiciels de sécurité McAfee confiait aux participants du Forum économique mondial que le vol d'identité et la cybercriminalité dans le monde avaient coûté seulement l'an dernier plus d'un billion de dollars américains aux entreprises. Donc pas une centaine de milliards, mais bien un billion de dollars. Un montant qui englobe les pertes et les frais engendrés par ces pertes.

Simultanément au Québec, on découvre le portrait du vol d'identité au Québec grâce à la publication des résultats d'une étude réalisée en septembre 2007 auprès de 1100 Québécois par Benoît Dupont pour le compte du ministère de la Sécurité publique du Québec. Le professeur de criminologie et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie à l'Université de Montréal nous dévoile des données impressionnantes sur l'ampleur du problème au Québec.

- 877 600 incidents de vol d'identité et de cybercriminalité ont touché la population québécoise âgée de 19 ans et plus de septembre 2006 à septembre 2007.

- 3,2 % des répondants n'associaient pas la fraude dont ils ont été victimes à un vol d'identité, malgré la présence de tous les critères requis par les experts dans ce domaine.

- 5,7 % de la population québécoise avait été victime au cours des 12 derniers mois d'un vol d'identité avec préjudice financier.

- Le type de vol d'identité le plus fréquent demeurait l'utilisation frauduleuse de cartes de débit ou de crédit, avec 3 % de victimes parmi la population québécoise. Cependant, le clonage de cartes de débit et de crédit semble représenter le problème principal en matière d'acquisition frauduleuse des données personnelles.

- La majorité des victimes (57,1 %) a pu obtenir un remboursement intégral du préjudice financier, mais contrairement à ce que l'on peut penser, un nombre non négligeable de victimes (39,7 %) ont dû assumer l'intégralité des pertes subies.

- Parmi les victimes de vol d'identité, seulement 21,9 % ont déclaré celui-ci à la police.

- Et finalement, 4,5 % des répondants ont été victimes d'intrusions ou de piratages informatiques, ce qui correspond à 267 000 incidents parmi les particuliers.

Des gendarmes

Pendant ce temps-là aux États-Unis, on avait vent de discussions entre l'industrie du disque et les fournisseurs de services Internet AT&T et Comcast qui deviendraient les gendarmes de l'industrie. Si les ententes de collaboration sont signées, les deux géants vont recenser pour la RIAA les internautes qui téléchargent de la musique illégalement par Internet. Une fois leur identité établie, les internautes seront avisés de leur faute et, s'ils récidivent, les fournisseurs pourraient suspendre leur accès à Internet.

Et puis, pour couronner le tout, c'est l'arrivée du programme de fidélisation Air Miles sur Internet. Dès maintenant, les internautes canadiens peuvent accumuler jusqu'à 360 miles de récompense Air Miles par année en utilisant Yahoo comme moteur de recherche par l'entremise d'une barre d'outils spécialement conçue pour l'opération. Si Yahoo y gagne des requêtes et des clics, de son côté, le programme Air Miles tombe sur une mine d'or en colligeant de toutes nouvelles informations sur les habitudes de navigation et les intérêts de leurs membres.

Microsoft aussi

Ce programme n'est pas le premier du genre; au printemps dernier, Microsoft lançait aux États-Unis son programme de fidélisation en ligne. Le programme Live Search Cashback s'adresse aux internautes qui cherchent sur Internet dans le but d'acheter un produit en ligne. Mais, cette fois, pas besoin d'acheter, Air Miles s'intéresse aux intérêts de ses membres. Si l'on ajoute tout cela aux habitudes d'achat, aux dossiers Équifax, à la photo disponible sur Facebook ou sur MySpace, les services de renseignements vont avoir la vie facile.

Comme je le mentionnais au tout début, le 28 janvier est donc devenu la Journée mondiale de la protection des données et de la vie privée. Mais avec autant de développement dans le domaine, je me demande bien ce que nous réservera l'édition 2010 du Data Privacy Day.

 

Copyright@2009

ACCUEIL || Section Le Devoir || ME CONTACTER